L’article est complété et les premières remarques de lecteurs passionnés arrivent
No images? Click here LE SPHINXLes monuments les plus mystérieux ont attiré les photographes dès l’apparition de leur art, et parfois l’histoire photographique de ces monuments est devenue à son tour elle-même fort mystérieuse… voici le premier épisode d’une série intitulée Carnets de voyage.
Le carnet de voyage publié par la Fondation Etrillard est maintenant complété de détails et d’extraits de récits des premiers voyageurs des années 1840-1850. Plus on remonte le temps vers l’époque héroïque de l’invention et des premiers apôtres de la photographie, et plus les traces estompées font rêver les poètes et les audacieux mais risquent de rebuter les historiens accrédités. En 1840, un itinéraire Marseille-Alexandrie est estimé à 598 lieues marines, et le prix de la première classe est de 440 francs de l’époque, 260 francs en deuxième classe et 140 francs en troisième classe. De plus, le prix des bagages au-delà du poids accordé est d’environ six francs par dix kilos supplémentaires. En ce qui concerne la fréquence des traversées, trois navires partent des différentes escales chaque mois : le Dante, l’Eurotas, le Léonidas, le Lycurgue, le Mentor, le Minos, le Ramsès, le Scamandre, le Sésostris et le Tancrède. (Nicolas Le Guern).
Parmi les écrivains voyageurs qui nous ont fait parvenir quelques indices, Gérard de Nerval évoque, dans son Voyage en Orient, une pharmacie du Caire qui fournit en 1843 un produit utile pour le traitement de la plaque daguerrienne à l’un de ses amis peintres : « je rencontre à la pharmacie Castagnol mon peintre de l’hôtel français, qui fait préparer du chlorure d’or pour son daguerréotype. » Jean-Jacques Ampère, le fils du scientifique André Ampère, voyage en Egypte en 1844 avec le dessinateur Paul Durand, avec comme mission officielle la vérification des données recueillies par Champollion. Cet ami d’enfance de Jules Itier emporte également avec lui le matériel utile au daguerréotype. Sur place, il semble qu’il ne réussisse pas à le faire fonctionner. Le célèbre peintre daguerréotypiste Girault de Prangey est resté deux ans en Egypte où il a réalisé de nombreux daguerréotypes devenus pour la plupart célèbres. Aucune vue du Sphinx n’est à ce jour apparue sur le marché. Lors d’un tragique accident domestique chez Mme de la Taille, une employée de maison chargée de l’argenterie nettoie une cinquantaine de plaques avec un produit efficace, essuyant irrémédiablement les fragiles images daguerriennes. Le Sphinx ? Le douanier photographe Jules Itier (1802-1877), en route vers la Chine, photographie la vallée du Nil jusqu’à Philae en décembre 1845 et janvier 1846. On a retrouvé dans les archives précises du futur receveur principal une facture : il achète au Caire trente plaques de cuivre vierges à un franc l’unité, fin 1845. Le photographe note également qu’il achète à nouveau quatre plaques vierges à Alexandrie en janvier 1846. Voici donc au moins 30 daguerréotypes du Sphinx et de la vallée du Nil à retrouver. Accès au blog en cliquant sur les images Thimothée Dufresne. Proposition de reconstitution d’un état primitif du Sphinx, 2020 Cette reconstitution du Sphinx en Anubis par Timothée a provoqué immédiatement une réponse que l’on soumet au lecteur : “Sa reconstitution du Sphinx en Anubis est très alléchante, d’autant qu’il est la porte, le cerbère, avec son nom d’Abou al Hol, du royaume des morts. Reste à réfléchir pourquoi son père Osiris aurait alors été représenté (il a disparu) en tout petit entre ses pattes antérieures (qui elles ne relèvent pas du bloc original). Et à considérer également que, techniquement, ce monstre de sculpture est sorti d’un monolithique, dont on doit conserver à l’esprit que la partie sommitale n’était peut-être pas énorme assez ou si haute pour sortir les oreilles du chien. Que sa modification, par ailleurs, est tardive, et qu’il eut été curieux de donner les traits de Khéops, des premières dynasties, lors de la XVIIIe. Bref, on en reparlera …” Face au nez, ce que voit le Sphinx, novembre 2019 (courtesy I. M.) Prochains articles en préparations : Quelques éléments sur l’histoire photographique de la Lune, sur celle de la Grande Muraille de Chine, sur Notre-Dame de Paris, sur les Temples des Sybilles et le culte de Cybèle associé au mystérieux bétyle (pierre cubique noire tombée du ciel), sur la Santa Casa de Lorette … Acces au blog en cliquant sur les images ou ici : www.fondationetrillard.ch/le-sphinx/
Serge Plantureux |