05.05.2020 “Paris embellie, Paris agrandie et … Paris assainie”, Souvenirs de l ’embellissement stratégique par un artiste démolisseur

Once this place was humming And the air was full of drumming The sound of cymbals crashing Glasses were all smashing

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LE FANTOME

DU BARON

Les transformations de Paris, ou travaux haussmanniens avaient posé le fondement de la représentation populaire de la capitale française à travers le monde en superposant au vieux Paris pittoresque un réseau de grands boulevards et de places dégagées.

Cette campagne intitulée “Paris embellie, Paris agrandie, Paris assainie” avait pour objectif de faciliter l’écoulement des flux, aussi bien de population, de marchandises que d’air et d’eau, pour — prévenir de nouvelles épidémies, en particulier de choléra, — prévenir de nouveaux soulèvements populaires, fréquents à Paris : révolutions de juillet et octobre 1789, d’aout 1792, de mai et de septembre 1793, de juillet 1830, de février et de juin 1848, — trier la population et pour cela, “accepter dans une juste mesure la cherté des loyers et des vivres comme un auxiliaire utile pour défendre Paris contre l’invasion des ouvriers de la province” (Baron Haussmann).


Pierre Ambroise Richebourg (1810-1875), Préparatifs de l’inauguration, Boulevard de Sebastopol, 5 avril 1858

Le boulevard de Sébastopol était situé sur le nouvel axe nord-sud, il permettait l’accès depuis le centre de Paris à la gare de l’Est. Il entraina la destruction, entre-autres, de la rue et la ruelle des Arts, la rue Aubry-le-Boucher, la rue d’Avignon, l’impasse Beaufort, la rue et la poterne du Bourg l’Abbé, le passage du Cheval Rouge, la ruelle du Commerce, la rue du Crucifix, la rue des Écrivains, la rue des Égouts-du-Ponceau, la rue du Grand-Hurleur et la rue du Petit-Hurleur, le Passage Grande-Rue, la rue de la Laiterie, le passage de la Longue-Allée, la rue des Mécaniques, la rue des Métiers, le passage ou cour Saint-Chaumont, la rue de la Savonnerie, le passage Saint-Denis, l’impasse Saint-François, la rue Saint-Magloire, la rue Salle-au-Comte, le passage Saucède, l’enclos de la Trinité, comprenant le cimetière et l’hôpital de la Trinité, le passage Greneta, la Grande-Rue, les rues des Métiers (précédemment rue Saint-Louis), des Mécaniques et de la Laiterie et la rue ou cour du Commerce, la rue Trognon, la rue des Trois-Maures, la rue de la Veille-Monnaie, le passage et l’impasse de Venise, etc…

Son percement avait été déclaré d’utilité publique en 1854. Tout d’abord nommé « boulevard du Centre », il avait été renommé « boulevard de Sébastopol » quelques jours après la prise de Malakoff et l’abandon par les Russes de Sébastopol en Crimée le 8 septembre 1855.

Gustave Le Gray,
Pierre Ambroise Richebourg (1810-1875), Inauguration du Boulevard de Sébastopol, 5 avril 1858

Deux tourelles soutenaient les pans d’un immense rideau tiré au passage de l’empereur Napoléon III et de l’impératrice Eugénie le 5 avril 1858 à 14h, en présence de Monsieur Haussmann. La foule était prudemment encadrée par les soldats le long de la voie. Des drapeaux sont accrochés sur les tourelles et au dessus du boulevard.


Pierre Ambroise Richebourg, Préparatifs Place de la Madeleine, 13 août 1861

La Place de la Madeleine, pendant la cérémonie d’inauguration par Napoléon III du boulevard Malesherbes, le 13 août 1861. La foule est contenue par les soldats en grand nombre devant les colonnes de l’église de la Madeleine. Dans la perspective du nouveau boulevard on devine l’échafaudage de l’église Saint-Augustin en construction.


Pierre Ambroise Richebourg, Inauguration du Boulevard Malesherbes, 13 août 1861

L’église Saint-Augustin en construction lors de l’inauguration du boulevard Malesherbes, par Napoléon III, le 13 août 1861. De style éclectique inspiré des arts roman et byzantin, elle est le premier édifice religieux d’une telle ampleur construit en fonte.


Pierre Ambroise Richebourg, échafaudage de l’église Saint-Augustin, 13 août 1861

Sa construction débuté en 1860, sous la direction de Victor Baltard , l’architecte des Halles de Paris. Elle fut consacrée en mai 1868. Le Figaro lui réserva un article sévère : “On a tout dit sur l’extérieur, qui ressemble fort à un immense objectif de photographe surmonté d’un gâteau de Savoie. Quant à l’intérieur, cela désarme la critique. On sent l’effort d’un constructeur habile, qui a voulu appliquer à un édifice religieux tous les engins métalliques avec lesquels on confectionne les usines et les gares de chemins de fer. La voûte semble une grande brèche, tendue sur un réseau de grillages. Au milieu on voit un immense trou rond. Quand on est au-dessous, on sent que c’est un dôme admirable de proportions, mais qui ferait mieux au-dessus de la piste d’un cirque, ou du parterre d’un alcazar.” (Alfred d’Aunay)


Pierre Ambroise Richebourg, Inauguration du Boulevard Malesherbes, 13 août 1861

On aperçoit sur la gauche le chariot de la maison “Belloir Frères” qui allait devenir bientôt “Belloir et Vazelle”, tapissiers décorateurs chargés des architectures éphémères des multiples inaugurations haussmanniennes, et commanditaires des photographies de Richebourg qui n’eurent – semble-t-il – pas de diffusion “impériale”.


Pierre Ambroise Richebourg, “rue barrée”, Boulevard Malesherbes, 13 août 1861

La maison Belloir a dressé la tente du corps municipal. Mouvement de foule devant l’arc de triomphe. Sur la pancarte on peut lire “RUE BARREE”.

Le Baron Haussmann évoque le prolongement du boulevard Malesherbes jusqu’à la plaine Monceau dans ses Mémoires : “J’obtins des grands propriétaires de la Plaine de Monceau M.M. Pereire, Deguingand, Jadin et d’Offémont, l’abandon gratuit de tous les terrains leur appartenant, dont l’occupation était nécessaire à ces voies nouvelles. La contenance totale de ces terrains s’élevait à plus de 8 hectares […]. Les intéressés les cédèrent sans indemnité, précisément en vue de l’énorme plus-value que la plaine Monceau doit aux percements dont il s’agit et à d’autres que les mêmes propriétaires eurent ensuite l’intelligence d’y faire. […]. Déduction faite des contributions des Communes des Batignolles et de Neuilly, montant à 250 000 francs, les voies nouvelles qui m’occupent coûtèrent au Département 3 200 000 francs environ, pour l’expropriation des parcelles n’appartenant pas aux cinq grands propriétaires ci-dessus nommés et pour les travaux de toutes nature que M. Émile Pereire, le négociateur de cette affaire laborieuse, entreprit à forfait moyennant un million.”

Pierre Ambroise Richebourg, Inauguration du Boulevard Malesherbes, 13 août 1861

Deux représentants du corps municipal semblent attendre le cortège impérial. L’un est resté plus immobile. Est-ce le Baron ?

Le Baron Haussmann, Georges Eugène, est né le 27 mars 1809 au 53, rue du Faubourg-du-Roule, dans une famille protestante. Il est le fils de Nicolas-Valentin Haussmann (1787-1876), commissaire des guerres et intendant militaire de Napoléon Ier, et de Caroline Dentzel, fille du général et baron d’Empire Georges Frédéric Dentzel. Il fait ses études au lycée Condorcet à Paris puis entame un cursus de droit tout en suivant le conservatoire de musique de Paris. Après vingt années de carrière remarquable dans la haute administration, il est présenté à Napoléon III par Victor de Persigny, ministre de l’Intérieur et devient préfet de la Seine le 22 juin 1853.

“L’empereur voulait faire de Paris une ville aussi prestigieuse que Londres où il avait séjourné en exil. Tel fut le point de départ de l’action du nouveau préfet : instaurer une politique facilitant l’écoulement des flux, aussi bien de population, de marchandises que d’air et d’eau, convaincu par les théories hygiénistes diffusées à la suite de l’épidémie de choléra de 1832. Cette campagne fut intitulée « Paris embellie, Paris agrandie, Paris assainie ». Un autre objectif, politiquement moins défendu, était de prévenir d’éventuels soulèvements populaires, fréquents à Paris : Révolution de 1789, de juillet 1830, de février puis de juin 1848. En démolissant le vieux centre de Paris, le baron Haussmann a déstructuré les foyers de contestation et rendu plus difficile à la classe ouvrière d’organiser une insurrection. Enfin, et ce n’est pas le moindre argument — accepter dans une juste mesure la cherté des loyers et des vivres […] comme un auxiliaire utile pour défendre Paris contre l’invasion des ouvriers de la province”. (Wikipedia)


Pierre Lamith Petit (1831-1909), Portrait du Baron Haussmann, 1864, papier salé viré à l’or (archive)

Quant à Pierre Ambroise Richebourg, il est l’un des plus mystérieux Franc-maçons de l’histoire de la photographie. Assistant de Vincent Chevalier en 1839, il contribue aux premiers essais publics de Louis-Mandé Daguerre, initie Petiot-Groffier et de nombreux autres pionniers. Depuis sa célèbre boutique du 29 (anc.69) quai de l’Horloge, il diffuse des appareils, produit des plaques pour daguerréotypes, puis les premiers papiers photographiques. Bientôt rallié au bonapartisme, il obtient plusieurs commandes impériales, visite de la reine Victoria, documentation du Palais de l’Elysée, etc. A la fin des années 1850, il voyage en Russie, en Sibérie, en Californie, rentre à Paris en 1860, s’intéresse à la photographie sur porcelaine, à la microphotographie, aux études de nus, aux photographies d’identité, aux scènes de crime et produit des vues stéréoscopiques.


Pierre Ambroise Richebourg, Autoportrait au daguerréotype en 7 minutes, 1 juillet 1841

Pierre Ambroise Richebourg was one of the most mysterious Freemasons in the history of photography. Assistant to Vincent Chevalier in 1839, he contributed to the first public trials of Louis-Mandé Daguerre, initiated Petiot-Groffier and many other pioneers into the new photographic process. From his famous shop at 29 (formely 69) quai de l’Horloge, he distributed cameras, produced plates for daguerreotypes, then the first photographic papers. He soon joined Bonapartism, and obtained several imperial photographic commissions, a visit from Queen Victoria, produced documentation of the Elysée Palace, etc. At the end of the 1850s, he travelled to Russia, Siberia and California, returned to Paris in 1860, became interested in porcelain photography, microphotography, nude studies, passport photographs, crime scenes and and also produced stereoscopic views.

And now some music : https://rollingstones.living-in-a-Ghost-Town

Pour finir en musique : https://rollingstones.living-in-a-Ghost-Town

Happy New Year Twenty-Twenty !
Bonne année 2020 !
Tanti auguri per 2020 !
Serge Plantureux
Palazzo Augusti Arsilli
Via Marchetti 2
60019 Senigallia

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